Ce qui compose une vie meilleure?

Auteur invité

Quels sont les ingrédients d’une vie meilleure ? C’est l’une des questions les plus importantes de notre temps. En fait, c’est une préoccupation qui a accompagné l’histoire du genre humain: de Platon et la notion de “bien vivre”, à la grande proclamation de Descartes cogito ergo sum; de la Constitution américaine et sa poursuite du bonheur à l’affirmation de Bobby Kennedy selon laquelle notre définition de la réussite d’un pays fondée sur la croissance économique, « mesure tout sauf ce qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue ».  

Pour certains, la clé du bonheur réside dans l’accumulation de choses matérielles. Le désir de gagner plus d’argent, d’acquérir plus de pouvoir, ou de grimper dans la hiérarchie sociale, apporte la promesse d’une vie meilleure. Mais l’Histoire nous montre qu’avec l’acquisition de nouvelles possessions augmente notre désir d’acquisitions supplémentaires.

L’argent apporte-t-il le bonheur ? En termes strictement académiques, la réponse à cette question a pendant longtemps été « non ». Le paradoxe d’Easterlin est la théorie selon laquelle, au-delà d’un certain niveau de confort financier,  la croissance économique d’un pays ne se traduit pas nécessairement par un bonheur accru pour ses citoyens. Mais cette théorie est aujourd’hui remise en question. Deux articles récents – le premier parSacks, Stevenson, & Wolfers, le second par Veenhoven et Vergunst – affirment au contraire que le bonheur des citoyens augmente en termes absolus avec le revenu et qu’il n’existe pas de plafond.  

Pendant longtemps, notre mesure du progrès s’est limitée à des notions économiques. Le Produit Intérieur Brut (PIB) est né dans les heures sombres de la Grande Dépression, dans un  monde qui tentait de trouver ses marques au lendemain de la première guerre mondiale. Le PIB est rapidement devenu l’outil de référence de la mesure du progrès économique des nations. Mais aujourd’hui,  de plus en plus de personnes s’accordent pour dire que le PIB ne peut à lui seul refléter la situation d’un pays dans son intégralité.  Cette prise de position est celle du débat « au-delà du PIB ».

Les partisans de ce domaine d’études ont pu suivre l’ascension du bonheur et du bien-être dans le débat sur la mesure de la réussite d’un pays. Des universitaires tels que Richard Layard de la London School Economics (LSE), Daniel Kahneman et Angus Deaton de l’Université de Princeton et Carol Graham de la Brookings Institution, ont intégré l’étude et l’examen du bien-être dans le courant majoritaire. La Commission sur le bien-être de l’Institut Legatum (Legatum Institute) est la dernière initiative sur l’étude du bien-être. Elle rendra ses conclusions début 2014 sur la meilleure exploitation des données sur le bien-être dans le but d’influencer la prise de décision politique.

Pour l’instant, il n’existe pas de consensus sur la définition d’une mesure « au-delà du PIB ».  Nous prenons donc en considération une série d’indicateurs, dont des facteurs sociaux, le bien-être, la santé, etc… En l’absence d’une définition commune, nous pouvons cependant résumer notre logique ainsi : la réussite et la prospérité nationales vont au-delà de l’argent.

C’est le point de départ de l’Indicateur de Prospérité Legatum™ (Legatum Prosperity Index™), créé il y a 7 ans. La croissance économique est très certainement un aspect important de la prospérité d’une nation. Mais la liberté de ses citoyens, la qualité de son système éducatif, l’accès aux soins,  et la présence d’institutions démocratiques le sont tout autant.  En mesurant à la fois le bien-être personnel et matériel, l’Indicateur dresse un portrait complet de la prospérité d’un pays.

Le débat actuel sur la recherche « au-delà du PIB » est un débat important. Selon Josef Stiglitz “Ce que l’on mesure a une incidence sur ce que l’on fait ; or, si nos mesures sont défectueuses, les décisions peuvent se révéler inadaptées. » Et c’est pour cela que nous devons continuer à aspirer à une meilleure  mesure de la prospérité nationale. Cela nous permettra non seulement de mieux évaluer notre progrès et notre développement, mais aussi d’influencer les comportements et donc les résultats.

Nous devons  accepter qu’il restera toujours des limites et contraintes dans ce processus, notamment en termes de disponibilité des données. Parfois, cet élément que nous voulons désespèrement mesurer est bien au-delà de notre portée.

Ou pour dire les choses différemment : « Ce qui compte ne peut pas toujours être compté, et ce qui peut être compté ne compte pas forcément.»

Nathan Gamester travaille pour le Legatum Institute en tant que Directeur du Programme Legatum Prosperity Index™

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