Le bonheur comme modèle d’entreprise

Auteur invité

Le 1er novembre 2012, l’ouragan Sandy dévastaient les états du New Jersey et de New-York. Le jour même, Bloomberg publiait un article au titre controversé “Its Climate Change, Stupid” suivi, le lendemain, d’un autre article au titre provocateur, arguant que la meilleure défense contre une tempête destructrice comme Sandy était de vivre dans un pays riche.

La croissance des économies émergentes devrait atteindre des taux à 2 chiffres sur le moyen terme. Avec cette croissance, une classe moyenne grandissante achètera de nouvelles voitures, des systèmes d’air conditionné, de l’électronique et d’autres produits de consommation. Alors que les entreprises investissent dans ces nouveaux marchés, elles font également face à des risques croissants pour leurs systèmes de production. Le changement climatique impacte de manière disproportionnée les pays en développement et la hausse des températures risque de détruire les écosystèmes, les processus industriels, les chaînes d’approvisionnement, les infrastructures et la santé humaine – perturbant ainsi tout le système de production des industries. S’il est admis que la planète ne pourra soutenir les niveaux de consommation actuels, et encore moins les taux de consommation prévus pour les pays émergents, la redéfinition de nos systèmes économiques, sociaux et politiques doit encore avoir lieu. À la conférence annuelle du groupe Business for Social Responsibility « BSR », Isabel Sebastian, experte en production durable, a présenté un nouveau modèle d’entreprise fondé sur le modèle bhoutanais de Bonheur National Brut ou « BNB ».

Le BNB est fondé sur des indicateurs de performance couvrant 9 domaines (bien-être mental, temps pour soi, vitalité de la communauté, diversité culturelle, résistance écologique, niveau de vie, santé, éducation et bonne gouvernance) plutôt que sur la seule production de biens et services, ou que le PIB. Une véritable transformation des mentalités est nécessaire afin d’intégrer le BNB au mode opératoire des entreprises. Les compagnies devront redéfinir le développement de leurs produits et services d’une logique d’« obsolescence rapide » – ou l’idée perçue que les produits sont fabriqués dans le but d’être ensuite remplacés –à celle de produits contribuant au développement de la société.

 

Les compagnies vont également devoir mesurer leur réussite par leur capacité à servir, accompagner et aider les clients, communautés et sociétés dans lesquelles elles évoluent, plus que par la seule vente de leurs produits. Ceci implique de changer le regard qu’elles portent sur les consommateurs et les fournisseurs, vers un statut de collaborateurs et de partenaires. La partie la plus délicate de ce modèle sera de redéfinir la notion de profit : « qu’est ce qu’un niveau de profit « suffisant »? », « comment utiliser et répartir ce profit? » et «quel est le niveau de stress et l’équilibre travail-vie privée de mes employés ? ».

 

D’intéressants modèles sont en train d’émerger, visant à préserver la planète, à protéger l’emploi et la santé des salariés, tout en préservant la réussite de l’entreprise à long terme. En 2011, PUMA, la compagnie allemande de vêtements de sport, a publié un rapport novateur sur ses « pertes et profits » environnementaux. L’outil a été élaboré afin de produire un changement de paradigme dans la prise de décision de la compagnie – vers la préservation de l’écosystème mais aussi la pérennité de son activité, soulignant les risques et les processus de mitigation de ces risques.

 

Un autre exemple est Zappos, le magasin de chaussures en ligne récemment acheté par Amazon. Depuis sa création, Tony Hsieh a dirigé la compagnie en suivant 10 valeurs fondamentales autour de la culture et de l’humain, et allant au-delà du profit. Hsieh a par la suite publié un ouvrage intitulé « L’entreprise du bonheur », aujourd’hui traduit en 20 langues, sur les modèles d’entreprise fondés sur le bonheur.

 

Finalement, le réseau social Facebook, a développé une application qui détermine le bonheur national brut de ses utilisateurs. Le modèle a analysé les émotions de ses 300 millions d’utilisateurs quotidiens afin de comprendre les changements d’humeur entre différents pays et à différents moments de l’année. Si l’application n’est plus active, certains analystes se demandent si ce genre de modèle ne pourrait pas également servir à mesurer l’évolution du BNB au sein d’entreprises à travers les émotions de leurs employés.

 

Il va sans dire qu’une entreprise en bonne santé doit reposer sur de solides fondations. Les grands défis s’accompagnent cependant de grandes opportunités. En tant qu’entreprise nous avons l’opportunité de changer nos indicateurs de performance et de construire des modèles d’entreprise qui prennent en compte le “coût réel” de notre activité en plus de sa “valeur réelle”. Cette opportunité est à portée de main, à nous de construire un modèle d’entreprise fondé sur le bonheur et le bien-être.

 

À propos de l’auteur:

 

With 10 years of experience working in CSR, Sasha Radovich uses her expertise in sustainable supply chains, stakeholder engagement, and multi-stakeholder initiatives to support BSR’s member companies in the information and communications technology (ICT) and consumer products sectors.

 

En savoir plus:

 

Travaux de l’OCDE sur la croissance verte et le développement durable

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